Accueil / Actualité / Detail

INTERVIEW EXCLUSIVE

La Ministre Marie-Martine Schyns s'est rendue en Italie dans la région de la Toscane pour discuter d'un accord de collaboration

Début avril, la Ministre de l'Education, Marie-Martine Schyns s'est rendue en Italie pour  discuter d'un accord dans le secteur de l'enseignement qualifiant avec la région de la Toscane.

Quel est son objectif principal et quel impact aura-t-il sur les futurs échanges? Pour y répondre, nous avons posé quelques questions à la Ministre de l'Education de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

 Madame la Ministre, vous avez accompagné une délégation de jeunes apprenants de l’enseignement qualifiant réalisant un stage Erasmus+ à Florence, quel était l’objectif de cette mission ?

 Cette mission avait un double objectif :

  • Rencontrer des jeunes de nos établissements, avec leurs enseignants, en situation de mobilité. Les rencontrer en Belgique après leur retour n’est pas aussi enrichissant. A Empoli, j’ai eu l’occasion de les rencontrer pendant leur séjour et recueillir leurs avis et suggestions. Je dois dire que j’ai été impressionnée par leur enthousiasme, leur professionnalisme, leur vision positive de leur formation.
  • Rencontrer les autorités locales et les partenaires italiens afin de jeter les bases d’une collaboration pérenne et, en même temps, leur exprimer toute ma gratitude pour l’accueil et l’encadrement exceptionnels qu’ils offrent à nos élèves.

Vous avez signé un accord de coopération avec la région de Toscane. Que va permettre cet accord et quel impact cela aura-t-il sur les futurs échanges avec les écoles de cette région ? Envisagez-vous de signer de tels accords avec d’autres régions en Europe ?

Un accord de collaboration (et non de coopération) est bien prévu entre notre CCGPE (centre de corrdination et de gestion des programmes européens), cellule active au sein de l’administration de la FWB, et la région Toscane. Pour des raisons diverses, il devrait être signé au mois de juin. Cet accord permettra de poursuivre et de développer les échanges entre la Toscane et la FWB, notamment en pilotant ces échanges à travers des rencontres régulières entre nos administrations. Un tel accord existe déjà entre le CCGPE et la région autonome de Catalogne. Le CCGPE est ouvert à d’autres accords du même type avec d’autres régions et/ou pays.

Quel soutien est apporté par la Fédération aux écoles qui souhaitent se lancer dans ce type de projet ? Y-a-t-il des ressources (heures, personnel, …) et/ou un cadre (dispositions décrétales/de circulaires, reconnaissance de la période à l’étranger, …) qui favorisent la mise en place de ces projets ?

La principale ressource est constituée par le CCGPE. 4 chargés de mission temps plein sont en charge du programme Erasmus+. C’est… 4 de plus qu’il y a 10 ans.

Le CCGPE dépose la toute grande majorité des demandes au nom des écoles (seules quelques écoles déposent un projet propre). Le travail est important car il s’agit de trouver des partenaires à l’étranger, les solliciter pour trouver des logements et des entreprises, rédiger les projets (qui sont examinés par des experts au bénéfice de l’agence AEF), résoudre tous les problèmes que peuvent rencontrer les écoles, les profs et les jeunes, synthétiser les rapports des uns et des autres, entretenir les relations avec l’agence AEF, gérer le budget…

Dans les écoles, le succès du programme repose le plus souvent sur la bonne volonté et l’enthousiasme d’un ou deux enseignants qui peuvent recevoir des heures de coordination pour effectuer cette tâche. C’est la responsabilité des chefs d’établissement qui peuvent puiser dans le NTPP jusqu’à 3%.

Pourquoi souhaitez-vous encourager les écoles à se lancer dans un projet Erasmus+ ?

Le programme présente beaucoup d’avantages et produit trois types de bénéfices  qui me semblent essentiels pour tous nos jeunes de l’enseignement qualifiant :

  • 1. Un bénéfice sur l’apprentissage du métier.

Pour l’Europe, les mobilités doivent servir à apprendre de nouvelles choses et pas juste à vérifier en entreprise qu’on a les compétences pour le métier. L’idéal européen (à travers les crédits ECVET) est que les mobilités servent à développer les acquis d’apprentissage (idéalement, une unité complète), que ces acquis soient évalués à l’étranger et que cette évaluation soit intégrée dans le parcours scolaire du jeune (un peu comme les ECTS dans l’enseignement supérieur).

Certes, c’est un peu difficile à mettre en œuvre car les mobilités sont relativement courtes (3 à 4 semaines) mais c’est l’esprit.

Les jeunes apprennent de toute façon beaucoup de choses car dans chaque pays, les procédures, les matériaux, les techniques… sont différents.

  • 2. Un bénéfice sur l’apprentissage du savoir-être.

Déjà faire un stage en Belgique oblige le jeune à développer les bonnes attitudes : être respectueux des consignes et des personnes, travailler en équipe, être à l’heure…

Forcément, à l’étranger, c’est encore plus évident. S’y ajoute le fait qu’ils sont loin de leurs familles, qu’ils doivent vivre ensemble dans des auberges de jeunesse ou des hôtels, qu’ils doivent faire à manger, se débrouiller dans une ville étrangère…

  • 3. Un bénéfice sur l’apprentissage de la citoyenneté européenne

Pour construire une Europe solidaire, libre, démocratique, il faut que les citoyens européens se connaissent, s’apprécient, échangent, partagent… C’est un bénéfice à plus long terme mais c’est un bénéfice réel. En mobilité, l’Europe devient une réalité. On voit à quoi elle peut servir. C’est un apprentissage du respect des autres cultures et c’est un vrai enrichissement à la fois personnel et pour la société.

On peut penser que la langue présente un obstacle mais ce n’est pas ce qu’on observe sur le terrain. Les jeunes (et les tuteurs en entreprise) se débrouillent. Une préparation linguistique est possible avant le départ et/ou en début de séjour pour apprendre les mots les plus usuels. Ensuite, avec un peu de français, d’anglais et beaucoup de gestes, cela se passe plutôt bien (y compris au Portugal, en Islande, en Finlande…).