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Inclusion

« Matriochka » de l’asbl Le Monde des Possibles

L’asbl le Monde des Possibles, qui existe depuis 2001 à Liège, est une association d’éducation permanente qui s’occupe principalement de l’accompagnement de personnes migrantes via des cours de français langue étrangère, des cours d’informatique et des actions socioculturelles afin de renforcer l’interculturalité et le collectif. Mme Charlotte Poisson, chargée de projet au Monde des Possibles nous explique que les projets européens ont toujours eu une place importante au sein l’asbl[1]  : « Dès le départ en 2001, les projets et les échanges internationaux ont vraiment fait partie de la genèse du Monde des Possibles. Cela a toujours été aussi important que les projets au niveau local c’est-à-dire les échanges avec des partenaires, savoir comment cela se passe dans les autres pays européens, créer des réseaux ou encore échanger des informations au niveau des politiques migratoires. Cela permet aussi d’être vigilant au niveau européen de ce qui se passe au niveau des migrations : Comment les personnes migrantes sont-elles accueillies ? Quelles sont les politiques migratoires dans les pays ? On estime que c’est impossible pour nous de rester juste au niveau local et belge.»

En 2019, l’asbl lance un projet Erasmus + d’action-clé 1 « Matriochka » permettant à ses membres du personnel de continuer à se former et découvrir d’autres pratiques « Le projet Matriochka c’est une mobilité professionnelle sur 12 mois. Il y avait deux activités prévues : une mobilité en novembre 2019 à Turin et puis une en mars 2020 à Oslo qui a été annulée à cause du coronavirus. On a fait une demande de prolongation du projet pour réaliser la 2ème mobilité mais pour le moment c’est un peu en attente. » Au moment de lancer le projet, c’est cette envie de créer du lien et de partager des bonnes pratiques en matière d’inclusion qui au centre de cette mobilité : « On était déjà dans cette logique d’encore et toujours renforcer les échanges, entretenir des liens, élargir les réseaux et donc chaque année il y a un peu des projets comme celui-ci. Et puis là, avec l’équipe, il y a avait aussi cette envie de partir ensemble, toute l’équipe pédagogique et les coordinateurs de projet, de renforcer nos compétences professionnelles et d’aller pour une fois nous-même à l’étranger. Et puis il y avait aussi cette idée d’aller en Italie justement parce que beaucoup de personnes migrantes arrivent par l’Italie donc c’est aussi toute une réalité politique migratoire intéressante pour nous qui sommes un 2e pays de destination. »

10 membres du personnel de l’asbl ont eu l’opportunité de participer à cette mobilité : « On a regardé ce qu’il était possible de faire en équipe, pour développer des compétences. L’équipe des professeurs de français langue étrangère avait cette envie d’échanger sur leurs méthodologies et outils pour élargir le champ de vision et ne pas rester bloqué sur ce qui a été appris en Belgique. L’autre partie de l’équipe avait aussi un intérêt de rencontrer des projets qui travaillent l’intreculturalité et l’économie sociale et solidaire comme tremplin de projet pour les personnes migrantes et leur inclusion dans la société d’accueil. Les projets d’économie sociale et solidaire travaillent notamment la mise à l’emploi des personnes migrantes mais dans un respect de leur volonté et de leur création elle-même d’un projet professionnel et pas uniquement en les plaçant dans des cases. Pour la mobilité en Italie on avait un partenaire principal le CPIA de Turin qui est un centre de formation pour adulte à l’italien langue étrangère qui nous a organisé le programme de visites là-bas ; ils ont été merveilleux ! On les avait reçus à Liège en 2017 donc on se connaissait déjà un petit peu. Sur place, on a rencontré un centre d’accueil de demandeurs d’asile, une école d’italien langue étrangère et deux associations d’économie sociale et solidaire. Pour l’autre mobilité qui n’a pas encore eu lieu, on a aussi un partenaire principal en Norvège et d’autres visites prévues sur le terrain. »

Nous savons que la création d’une Europe plus inclusive est au cœur des priorités de la nouvelle programmation Erasmus +. En demandant à Mme Poisson comment d’après elle, en se basant sur ce qu’elle constate quotidiennement, nous pourrions tendre vers cet objectif d’inclusion, elle nous propose quelques pistes de réflexion sur l’intégration des migrants dans notre société : « Je pense que quand on réfléchit sur l’inclusion, il est bien de se poser plusieurs questions. Notamment de s’interroger sur la représentativité des personnes migrantes dans ce genre de réflexions. Pourquoi est-ce qu’il n’y a pas de personnes migrantes autour de la table quand on va décider d’un programme obligatoire qui les concerne ? Il faut donc garder une vigilance sur tous les programmes d’accompagnement des personnes migrantes parce qu’on établit ces programmes sans elles. Il faudrait s’interroger aussi sur l’accès aux technologies des personnes migrantes parce que c’est ça aussi l’inclusion. S’interroger sur l’accès au logement. S’interroger sur leur accompagnement linguistique pour qu’elles puissent faire toutes les démarches en connaissance de cause et en toute autonomie. S’interroger sur la prise en charge de leur santé mentale car ce sont parfois des trajectoires migratoires traumatisantes et les personnes nous ont souvent fait part du manque d’écoute. Egalement, par rapport à tout ce qui est mise à l’emploi, s’interroger sur la création d’espaces et de temps pour que les personnes migrantes puissent définir elles-mêmes un projet professionnel ou simplement imaginer, avoir la possibilité d’imaginer des possibilités. »

Envie d’en savoir plus ? Retrouvez ce projet sur la Plateforme des résultats des projets Erasmus+ !

 


[1] Propos recueillis par visioconférence le 21/12/2020